Pouvoirs du maire sur les compteurs Linky

LA VOIX DU NORD  MARCQ - LAMBERSART  

Métropole lilloise

Quel pouvoir du maire sur les compteurs Linky ?

Bernard Gérard, maire de Marcq-en-Barœul et vice-président de la MEL, souhaite davantage d’informations sur les compteurs Linky, qu’Enedis installe dans les communes progressivement. Remontant des sollicitations d’élus, il aimerait voir aboutir l’idée d’une « conférence métropolitaine » sur le sujet. Mais les villes ont-elles leur mot à dire sur l’installation de ces compteurs ? Pas vraiment. Décryptage.

Bérangère Barret | 

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Enedis a besoin de l’accord de la mairie pour installer les compteurs

FAUX

C’était un tweet de la ville de Marcq : « Compteurs Linky : Bernard Gérard entend porter auprès de la MEL (Métropole européenne de Lille) ce dossier pour avoir une position commune. En tout état de cause, la ville n’a donné aucune autorisation. » En réalité, la ville n’a aucune autorisation à donner. « C’est un peu comme si un maire demandait à ce qu’il n’y ait pas de vente de chamallows sur sa commune  », résume Stéphane Ledez, directeur territorial pour Enedis Nord. L’installation des nouveaux compteurs apparaît dans la loi de transition énergétique. C’est une mission «  légale  » confiée par l’État à Enedis. Contestation très compliquée, donc. Des maires se sont aventurés à promulguer un arrêté interdisant l’installation des compteurs Linky. «  Le préfet les a retoqués  », ajoute-t-on chez Enedis. Quant au pouvoir de la MEL, il est aussi limité : elle est effectivement le concédant pour le réseau d’électricité, «  mais même le concédant n’a pas de pouvoir sur la mise en place des compteurs ».

Des réunions d’information peuvent être programmées, si la population s’inquiète

VRAI

S’il ne peut retarder l’installation des compteurs Linky en refusant toute autorisation (non nécessaire, donc) Bernard Gérard devrait en revanche voir sa demande de complément d’information satisfaite. «  On fait des choses sur-mesure, on essaie de travailler avec les maires  », indique Stéphane Ledez, qui se dit tout à fait conscient des inquiétudes suscitées par ces « compteurs communiquants  ». La procédure classique s’échelonne de la façon suivante : «  On prévient les maires de l’échéance. Puis quelques mois avant le déploiement, on informe de nouveau les élus, et chaque habitant est informé par courrier  », détaille Stéphane Ledez qui spécifie que des réunions avec la population, en cas d’inquiétude, sont tout à fait envisageables : « C’est ce que nous avons fait à La Madeleine en 2015.  »

Le déploiement sur la métropole lilloise est presque fini

FAUX

«  Il y a un mois, nous avons dépassé les 500 000 foyers équipés sur le Nord - Pas-de-Calais  », compte Stéphane Ledez. La totalité est donc loin d’être atteinte dans la région, comme dans la métropole lilloise, où le déploiement se fait par phases, jusqu’en 2021. Le site internet d’Enedis propose de visualiser le déploiement commune par commune, mais la précision est toute relative. Nous avons demandé les dates exactes du déploiement pour le secteur de Marcq-Lambersart-Lomme, où la majorité des communes seront équipées d’ici un an, et l’avons transcrit sur une carte.

Les inquiétudes concernent les ondes et la protection des données privées

VRAI

Les inquiétudes des riverains et de certains élus portent sur la teneur en ondes des compteurs « communiquants » et sur la confidentialité des informations personnelles des usagers, enregistrées en direct et mises en ligne sur leur espace personnel. «  Nous respectons toutes les réglementations  » de confidentialité, rassure Stéphane Ledez. Un point confirmé par la Cour des comptes : « Les organismes compétents, la CNIL et l’Anses, assurent que ces risques sont maîtrisés », écrit-elle. Mais elle ajoute : « La communication sur ces sujets a probablement été insuffisante. »

Quelles conséquences tarifaires pour les consommateurs ?

La Cour des comptes a publié en février un rapport annuel dédié aux compteurs Linky. L’une des conclusions de ce rapport chiffre l’impact financier que cet énorme chantier aura pour le consommateur. «  Un investissement de près de 5,7 milliards d’euros courants, soit environ 130 € par compteur installé. Il est, in fine, payé par le consommateur (…) dans le calcul de la redevance d’acheminement comprise dans le montant de la facture  », écrit-elle. Un coût supplémentaire qui devrait, à long terme, être compensé voire bénéficier au consommateur par le biais d’une facture en baisse, grâce aux économies d’énergie réalisées. Mais pas avant un moment. En effet, la facturation aux consommateurs du surcoût résultant de l’investissement Linky doit être différée à 2021. Et selon les calculs de la Cour des comptes, il se fera sentir sur la facture jusqu’en 2031. Cela dit, compte tenu des économies réalisées par le consommateur avec une utilisation optimisée du compteur Linky, dès 2029, la facture devrait de toute façon être moindre que si Enedis n’avait pas installé Linky.

Mais ces économies réalisées in fine impliquent «  que chacun s’empare du système  », précise Stéphane Ledez. Les compteurs Linky permettent en effet une facturation correspondant exactement à la consommation, et surtout une vérification des moments d’économie d’énergie possibles selon les habitudes de vie. Mais pour cela, il faut s’y pencher. «  Il y a des start-ups qui se créent pour proposer une aide à une meilleure utilisation du compteur pour réaliser des économies d’énergie  », note Stéphane Ledez.


Date de création : 09/05/2018 23:18
Catégorie : Linky : Le compteur-capteur communicant : toutes les questions - Presse
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